C’est un point délicat qui est parfois difficile à comprendre et à accepter. Une phrase d’un ancien moine, Évagre, peut nous éclairer : “ Est moine, dit-il, celui qui est séparé de tous pour être uni à tous ”. La clôture manifeste visiblement cette séparation qui est en vue d’une plus grande communion avec Dieu et avec tous nos frères.
C’est un fait que bien des personnes, tout d’abord rebutées par la clôture, s’aperçoivent peu à peu combien “ les Sœurs ” leur sont proches et que cette proximité les rapproche, eux aussi, de Dieu.
« Le plus court chemin entre de deux âmes
est celui qui passe par Dieu ».
« En entrant dans un monastère cloîtré, j’offre tout à Dieu, toute mon activité, tout mon être, pour que Lui, aille toucher les âmes, voilà. C’est pour cela que je désire les grilles, parce que, pour moi, c’est vraiment le symbole de mon apostolat. » Sr F.
« Je trouve que la clôture n’est pas du tout un obstacle à la communion. La clôture protège notre vie, justement, en fait un jardin clos, le jardin du Seigneur, le jardin de l’épouse dans sa relation sponsale avec le Christ » Sr M.
« La clôture nous permet de rejoindre le monde, mais à un niveau supérieur : on est obligées d’aller, non pas horizontalement, mais d’aller « par-dessus », et c’est la manière que nous avons de rejoindre le monde et donc, en définitive, par la prière. Tout revient à la prière. Les gens qui passent au monastère, les jeunes qui n’ont pas l’habitude de vivre dans une ambiance religieuse, sont étonnés par notre clôture, mais quand on leur explique, quand on leur dit que ce n’est pas un moyen de fuir le monde, mais que, au contraire, c’est un moyen de rencontrer le monde à un autre niveau, ils acceptent tout de suite » Sr J.
« J’ai été attirée par les grilles ; les grilles exprimaient pour moi la radicalité de l’amour. Cela voulait dire : « Tout pour Jésus », et j’ai été séduite par les grilles. « Ne rien préférer à l’amour du Christ » dit St Benoît dans sa Règle. Tout doit être relatif au Christ. Tout vient de lui, tout est pour lui. Sinon, cela n’a pas de sens … Je voulais vivre derrière ces grilles pour manifester ce désir d’un don total à Jésus.
Mais je dois dire que même si elles m’ont attirée, les grilles ont aussi été une épreuve, du moins au début. Le jour où j’ai franchi la porte de clôture, il y avait, bien sûr, dans mon cœur la joie de répondre à l’appel du Seigneur, mais il y avait aussi comme un déchirement ; j’avais conscience que je quittais pour toujours ceux que j’aimais. Je sentais ce détachement définitif qui m’était demandé et les grilles expriment cette radicalité. C’était dur aussi d’imposer cette épreuve à mes parents, à ma famille et à mes amis. Cela a été un vrai sacrifice, c’est-à-dire l’offrande à Jésus de cette souffrance pour qu’elle soit féconde. Je savais que Jésus rendait au centuple à mes parents et à toute ma famille, le sacrifice de la séparation. Jésus avait dit un jour à une sainte : « Prends soin de Moi, et Moi Je prendrais soin d’eux » et voilà ce qui s’est passé dans ma vie. J’ai tout donné à Jésus, et je suis certaine, car je l’ai constaté plus d’une fois, qu’il a pris soin de mes parents ; il leur a donné, au fur et à mesure, les grâces nécessaires, les joies nécessaires. Et mes parents, à la fin, me disaient : « On ne voit plus les grilles ! On se sent tellement unis à toi que les grilles ne nous font plus mal. ». Et c’est cela qui est beau parce que le Seigneur ne se laisse jamais vaincre en générosité, il rend toujours au centuple, non seulement à la personne consacrée, mais aussi à ses parents et à ceux qu’elle a quittés ». Sr M. N